lundi 10 janvier 2011

Blackberry picking

06/01/2011
Lilydale, Yarra Valley, Victoria

Oihan :
"Hi ! Do you have change in $1 coins please ?"
"Well... No, sorry !"
"No worries, bye !"
C'est toujours le même problème. Dès qu'il s'agit de faire notre lessive mensuelle, les "laundry machines" ne fonctionnant qu'avec des pièces de $1, c'est la chasse à la monnaie. Cendrier du van, poches des pantalons, sac à dos, petit trou à côté du levier de vitesse... Mais on tombe toujours sur des pièces de $2, et les magasins alentours de la "laundrette" en ont je pense marre de se faire piquer tout le temps leurs pièces de $1 par des backpackers en rade de linge propre.
Aujourd'hui j'ai dû marcher jusqu'au sex shop de Lilydale pour obtenir mes précieuses petites pièces dorées. Et alors que mes deux machines à laver, lancées avec une synchronisation digne d'un départ de 100m haie, font tranquillement leur boulot, je vous écrit ces quelques mots.


Nous sommes arrivés dans la magnifique Yarra Valley il y a presque un mois, et nous ne nous sommes toujours pas acclimaté à son, permettez-moi l'expression, facteur climatologique de 1 pour 10 : 4°C le matin, 40°C l'après-midi.
Nous avons suivi les instructions de Andrew, conseiller en emploi à l'Armée du Salut, qui, soit dit en passant, doit être un entreprise du même rang que Microsoft ou Coca Cola aux USA vu son omniprésence sur le pays-continent.

Nous avons donc été rendre visite à la ferme de Ian au 1005 Gembrook Road. Ce boulot est en apparence assez simple : ramasser des mûres de préférence mûres, les ramener aux "checkeuses" (contrôleuses), 3 teenagers australiennes, les peser, les emballer, et empocher les dollars.



Une fois la ferme trouvée, la question se pose : où va-t-on dormir ? On ouvre cérémonieusement le "Camp 5", Atlas recensant tous les campings payants ou sauvages d'Australie, priant les dieux du backpacker (voyageur) pour que le 1er camping gratuit ne soit pas à 100 bornes d'ici. Et là, "aaaaaahh" (petites voix angéliques et gammes pentatoniques majeures à la harpe symphoniques)....

Ah, deux secondes, ma machine est terminée, je récupère le linge et je suis à vous.
Voilà, j'en ai profité pour dire au boss de la laverie que le sèche-linge de gauche noircissait les fringues.

Bref, j'en étais où... ah oui ! On découvre donc dans le Camp 5, qu'à 10min de la ferme, on peut dormir gratuitement dans une forêt ! Bon, bien sûr, pas d'électricité, pas de douche, pas d'eau potable. On s'installe à côté d'une petite rivière, sous de grands eucalyptus, sans savoir qu'on va finalement rester 3 semaines dans cette forêt, et même y passer Noël.


On passe donc 3 semaines dans cette forêt ; debout à 6h pour aller ramasser des mûres, douche solaire quand il ne pleut pas, piscine de Yarra Junction quand il pleut trop pour aller travailler. On prend même un abonnement à la bibliothèque pour pouvoir aller sur internet et emprunter des dvd...

On fait la rencontre de Mick et Zanette, un couple de cinquantenaires australiens, qui vit dans une caravane et ramasse des fruits toute l'année, un peu partout en Australie. Ils sont adorables ; ils viennent tchatcher tous les soirs, nous offrent des bières, nous proposent de nous servir de leur groupe électrogène pour recharger nos portables, de leur hache pour débiter le bois, nous donnent des plans pour trouver du boulot et même des conseils de pêche !

On fait aussi la rencontre de Jean-Eudes, Charlotte, Vanessa et Quentin, 4 français qui voyagent dans un 4x4 intérieur léopard. Un soir de grand froid, alors qu'ils arrivent tard au camping, ils nous demandent de partager notre feu pour réchauffer leur haricots blancs. Le lendemain soir, sous une pluie battante, on demande asile sous leur grande bâche et on fait un repas tous ensemble. Le sur-lendemain, on va tous bosser ensemble dans la même ferme, et de fil en aiguille, on va se créer une petite famille dans la forêt : papa maman Mick et Zanette, et leurs 6 enfants adoptifs français.


Pour Noël, chacun prépare un peu le repas ; Quentin s'occupe de l'apéro et du vin, Isabelle des petits fours, Jean de l'entrée, Vanessa et moi du plat et Charlotte du dessert. Honnêtement, je n'imaginais pas qu'on se péterait autant le bide en pleine forêt. Tout était excellent et préparé avec amour !

Le lendemain, faute d'ouvrir les cadeaux, c'est pêche au bord du lac ! Mick nous a offert des gros vers de terre, et on essaye tant bien que mal de jeter notre ligne entre les nénuphars. Quentin réussit à pêcher 2 "redfin" (petits poissons d'eau douce à nageoires rouges) mais suite à un long débat sur la cruauté de la pêche et de la chasse, le régime végétalien, le respect de ses convictions et les méthodes des abattoirs, on a relâché les poissons agonisants.



Isa:
Après Noël, nous avons continué à travailler dans cette petite ferme, à l'ambiance familiale.
La saison est très mauvaise cette année. Les pluies sont ravageuses pour l'ensemble du pays : l'Est est inondé, les fruits ne poussent pas ou sont très endommagés, les agriculteurs et les fruit-pickeurs comme nous sont donc au bord de la faillite.



On ne gagne pas beaucoup d'argent mais je prend quand même énormément de plaisir à travailler car apparemment, j'ai été nommée "meilleure pickeuse de la ferme". Mon ascension ne s'est pas arrêtée là : quelques jours plus tard, je suis montée en grade et suis passée "checkeuse". Mon rôle étant d'enlever les mauvaises mûres des barquettes ramassées par les pickeurs. Étants payés en fonction de la quantité de mûres survivantes après le checkage, les pickeurs ne voient les checkeuses que comme des freins à leur succès. Difficile donc pour moi de passer de l'autre côté de la barrière et de supporter les regards tueurs de mes anciens collègues. J'en refuse même de checker Oihan.



Pendant ce temps, nos amis ont trouvé une ferme plus grande, où il est possible de s'installer pour y vivre. 2 frigos, 4 prises électriques, 6 toilettes, une douche et 4 lavabos pour 40 personnes : le grand luxe pour nous ! Seul bémol : 80% des travailleurs sont français. Nous décidons quand même de céder à l'offre alléchante de la grande ferme, nous sommes quand même là pour gagner de l'argent, ne l'oublions pas !

C'est bête, mais on a tous mal au coeur de quitter Mick et Zanette.
Petite photo souvenir.



Tout ce passe bien dans notre nouveau "chez nous", il y a bonne ambiance. Les gens sont là depuis plus d'un mois et nous appellent "les nouveaux".



31 décembre déjà ! Tout le monde se pomponne avant de prendre le métro pour Melbourne City. Attention les bouseux vont à la ville ! Les filles sont en robe et talons et les mecs ont sorti leur seule chemise pour l'occasion : c'est vraiment drôle à voir. 

Sachant qu'en plus, il fait une chaleur insupportable (40°C) donc tout le monde est déjà en sueur après la douche.
Nous sommes rentrés à 07:00am, une partie de pétanque (normal...) et au dodo ! Très bon réveillon.

Quelques jours plus tard, j'ai eu Lydia, la boss du boulot de photos au téléphone. Elle me confirme que je peux rencontrer son équipe à Adélaïde le 15 janvier. J'attend son message pour l'adresse exacte. On décide donc de quitter la ferme de Blackberry, après l'anniversaire de Jean bien sûr !

06 janvier : on reprend enfin la route pour plus de 1000 bornes !

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