mardi 23 août 2011

Gotcha, suite et fin… (Isabelle)

Chapitre I : Mon retour à Gotcha




Remettons-nous dans le contexte… On est mi-juin, je suis en train de quitter Darwin, Oihan et The Magic Bus, un peu le cœur serré. Il est malheureusement temps de se remettre au boulot, après cette longue traversée de l'Ouest !
Après quelques coups de téléphone avec Lydia, la patronne, me voici dans un vol Darwin-Cairns, pour rejoindre une nouvelle équipe à Cairns. Je suis complètement angoissée de retrouver la "méchante" Nicki : mais oui, vous vous souvenez, l'alcoolo psychopathe néo-zélandaise ! Manque de bol, je me retrouve à bosser avec elle pendant une semaine à Cairns.
À peine arrivée à l'appart de fonction, je croise 3 personnes qui sont sur le point de partir. Ils m'annoncent qu'ils quittent Cairns, parce qu'ils ont très mal vécu de bosser avec la sorcière et que c'est pour ça que je prend leur place. Choueeeette ! Merci les gars, j'ai hâte de commencer !



Appart de fonction à Trinity Beach...
... à 30m de la beach. Merci Gotcha :)


D'un côté, je me dis que ce n'est pas pour rien si la vie m'a remise aux côté de cette fille, LA fille qui m'en a fait baver cette année. Je prend ça comme un signe pour recoller les morceaux.
Au bout du compte, la semaine s'est très bien passée. J'ai fait des efforts, et elle a été beaucoup plus sociable que la première fois. Challenge réussi !

Chapitre II : Mon ascension
Une semaine plus tard, me voilà dans la Gold Coast (sud du Queensland), chez mes patrons ! Je rencontre enfin Ken et Barbie, mes patrons milliardaires, qui sont en fait très sympa ! (ou qui jouent très bien leur rôle de patrons sympa)

Génial, une semaine plus tard, je prend ENFIN le poste de photographe !
Je suis aux anges ! C'est définitivement ce que j'aime, puisque je me lève tous les matins avec le sourire aux lèvres :)
Je suis vite à mon aise : il faut être rapide, et être très à l'écoute du "tickleur" (celui qui fait rire et positionne les enfants) pour ne pas manquer un sourire. Ça se joue au millième de seconde près : "vertical", "horizontal", "full body" ou "portrait" c'est à toi de trouver la photo idéale. On n'a pas le droit à l'erreur, cette photo sera vendue plus de 100 dollars aux parents !

Quelques semaines plus tard, je prend toujours énormément plaisir à photographier, mais le temps commencent à courir, et il ne me reste que très peu de temps en Australie. Finir le voyage séparés n'est pas vraiment dans nos plans avec Oihan. Du coup, Lydia m'annonce que Oihan peut faire un autre essai si il veut, pour venir bosser dans mon équipe. Wouawou ! ça, ça serait super !
J'organise un "trial" à Mount Isa pour lui, ville qui est justement sur sa route vers l'Est. Mais malheureusement, il n'y arrive toujours pas et baisse les bras. Il me dit qu'il est désolé mais que vraiment, ce boulot de "PR" (vendeur) n'est pas fait pour lui.




J'envoie donc ma lettre de démission à mes patrons, leur expliquant qu'on veut finir le voyage ensemble etc. Cette nouvelle n'a pas l'air de leur plaire, puisqu'ils décident quand bien même d'embaucher Oihan, non pas PR mais en tant que photographe ! Comment ? ça serait bien la première fois qu'ils embauchent quelqu'un qui ne passerait pas par la case départ, vendeur, avant de monter photographe ! Apparemment, ils ne veulent pas que je parte.



J'ai donc été formée "tickleuse" ou plutôt, chef d'orchestre de la session photo.
C'est en effet le poste le plus dur, celui que je redoutais. Quand une maman arrive avec un bébé qui pleure, mais qui veut absolument une belle photo dans son salon, c'est ton rôle de le faire s'allonger sur le ventre, bonnet sur la tête, et de le faire regarder l'appareil photo tout en éclatant de rire ! On nous demande une trentaine de photos différentes (changer les positions, les accessoires, les habits etc) dans une session qui ne doit pas dépasser 15 minutes ! AAARGH !! Au début, c'est l'horreur. J'ai beau aimer les enfants, aimer ce job mais là, vraiment, c'est mission impossible ! Oihan est derrière moi avec l'appareil photo, et même si il a été formé, je dois encore veiller à ce qu'il prenne les meilleures photos.


Deux semaines plus tard, je passe "Team leader" ! On m'envoie avec Oihan et une allemande, Vera, dans une nouvelle ville. Vera est PR, débutante aussi. La pression est à son climax, mais je m'accroche. Les jours passent, et je m'améliore de jours en jours. Les sessions sont de plus en plus rapides, et la communication entre Oihan et moi est meilleure. Pas facile de bosser avec son copain, sans s'énerver devant les clients, et surtout, sans parler français ! C'est une compagnie australienne ne l'oublions pas ! Il m'arrive de glisser des petits "putain mais tu vas sourire oui !" quand l'enfant est vraiment difficile, ce qui nous fait bien rigoler.


Vera, la PR, son rôle : trouver des clients


Ah oui, j'allais oublier, entre temps, j'ai travaillé avec Elin, une suédoise, que j'ai beaucoup appréciée. C'est elle qui a formé Oihan à la photo. 




Un soir, on parlait des dreadlocks, et je lui disais que j'avais toujours rêvé en avoir. Et comme par hasard, elle en avait eu et savait les faire. Ni une ni deux, me voilà le lendemain chez un coiffeur, en train de commander des extensions. 4 jours plus tard, après de longues heures de torture (oui oui ça fait super mal), de longues dreads blondes ont poussé sur ma tête :)
Je ne pense pas les garder bien longtemps mais comme on dit, on regrette toujours des choses que l'on n'a pas faites plutôt que celles que l'on a faites !
 


Fin juillet : bon, il serait peut-être temps de réserver notre vol retour Australie-France ! Après des heures au téléphone avec notre compagnie aérienne (Emirates), on arrive enfin à organiser notre retour avec une escale de 3 semaines en Thaïlande pour finir ce voyage en beauté.



Ce qui veut dire qu'il nous reste un mois pour, visiter le Queensland et la barrière de corail, dire au revoir à mon cousin Christophe à Allandale, dire au revoir à Amélie et Yannick nos copains de Sydney, et surtout VENDRE le van à Sydney.
Ok, on a plutôt intérêt de démissionner au plus vite !
 




Chapitre III : Bye Bye Gotcha…

J'envoie "notre" lettre de démission cette fois, en insistant sur le fait que l'on n'a pas le choix, que l'on doit quitter l'Australie.
Mon investissement et mon application pour ce boulot leur a apparemment beaucoup plu. Ils ont aimé mon travail et ma personnalité, si bien qu'ils finissent par me proposer un sponsorship pour 2 ans chez Gotcha !
La nouvelle me touche énormément. C'est la première fois qu'un patron reconnait à ce point mon travail. On discute donc de mes futurs plans. Je leur dit que je souhaiterais continuer à travailler en tant que photographe, mais que je ne suis pas sûre de trouver un tel poste en France. Le job me plaît énormément, mais l'éloignement fait que pour l'instant, j'ai vraiment besoin de rentrer pour retrouver ma famille et mes amis. J'ai besoin de rentrer pour prendre la bonne décision.
C'est ok pour eux, je peux rentrer en France et leur donner la réponse une fois au pays.
Wouawou ! C'est super ! Je peux chercher un poste en France, tout en sachant que si ça ne marche pas, j'ai toujours l'opportunité de retourner en Australie :)



Dimanche 14 août, 6h15 : on prend un vol Brisbane-Cairns, pour retrouver le Magic Bus, qui nous a attendu gentiment dans le parking d'un hôtel, pendant un mois.

C'est parti pour la dernière ligne droite de notre voyage !




dimanche 7 août 2011

Menu du jour : salade de Kakadu National Park, ragout de Red Center, tartelette de Northern Queensland

14 Juillet 2011, 02h37, quelque part entre Cairns et Rokhampton

Introduction : "You can't smoke here mate !"


Les trains en Australie, c'est une vraie blague... Bien sûr, il y a le fameux Ghan, qui traverse le désert du Nord au Sud, le funiculaire de Cairns, qui grimpe au milieu de la forêt tropicale classée patrimoine mondial jusqu'aux chutes d'eau des Barron Gorges, ou même les célèbres et centenaires trams de Melbourne, qui se vantent de desservir le plus grand réseau de tram au monde. Mais il y a aussi les vrais trains, ceux qu'on prend pour aller d'une ville à une autre, quand on ne veut pas prendre la voiture pour une raison x ou y, la raison x étant généralement pour aller plus vite, et la raison y parce qu'on s'y prend trop tard et que les avions sont trop chers. Le plus drôle, c'est que j'en parlais avec Claudine il y a quelques jours à peine, sans même savoir que j'étais sur le point de l'expérimenter par moi même. Elle m'expliquait en rigolant à quel point les trains étaient lents et mal foutus, et que l'Australie avait clairement mis l'accent sur les avions. "Aujourd'hui, les seules personnes qui prennent le train c'est les retraités ! Les avions régionaux sont si peu chers que le gouvernement avait peur d'avoir à fermer les lignes, et a donc mis en place une offre pour rebooster le transport ferroviaire : $5 pour n'importe quel billet, n'importe quand, n'importe où, pour n'importe qui tant qu'il est à la retraite !"




Bref, vous l'aurez compris, les trains ont beaucoup moins la côte qu'en France, et on est assez loin... j'allais dire "de la bicyclette à Yves Montand", désolé tout le monde, private joke familiale. Donc je disais, on est assez loin des voie 18 / repère H / voiture 97, avec tableau d'affichage, compostage des billets, ou même numéros de train. Non ! Là c'est : tu viens à l'heure annoncée, bon un quart d'heure avant quand même histoire de, et si tu cherches ton train, c'est celui qui est là. Cherche pas de tunnel pour aller sur l'autre voie, de petit prompteur de composition du train ou même de destination affichée sur les wagons, non... Il y a juste UN train, sur UNE voie. Ensuite tu te fais une place au milieu de la foule de retraités, qui eux sont assis à leur place depuis une demi heure, leur valise rangée, déjà à la moitié de leur bouquin et vont acheter leur troisième sausage roll au wagon-cafet. Et enfin, une fois assis, ben tu passes le temps. Pour vous donner une petit idée, il me semble que c'était 14 ou 16 heures de vol pour faire Paris - Sydney. Ben là, c'est 20 heures de train pour faire Cairns - Rokhampton (à peu près 1500 km). J'ai fait un petit calcul, ça nous fait une moyenne de 70 km/h. Autant dire que j'irais aussi vite en scooter. Bon je vais pas ma plaindre, j'ai rien eu à payer, mais bon quand même, ça fait un petit bout ! Heureusement qu'il y a quelques pauses clopes. A ce propos, en France, à l'approche d'une station, on peut voir s'ameuter entre les wagons la queue de fumeurs sur les starting blocks, clope dans une main briquet dans l'autre. Ici, j'avais pas sorti mon paquet pour commencer à m'en rouler une à l'approche de Townsville qu'une vieille se retourne en un temps record et me fusille du regard (je sais pas depuis combien de temps elle m'espionnait pour avoir été si réactive d'ailleurs, surtout qu'elle était assise devant moi et qu'elle avait l'air plongée dans une conversation intense du style "les compagnies d'assurances, c'est tous des pourris") : "HEY!!! You can't smoke here mate !" Je sais, pétasse ! J'ai 20 ans, j'ai jamais connu l'époque où on pouvait fumer partout, c'est pas aujourd'hui que je vais me mettre à m'en allumer une comme ça, alors que le train arrive en gare dans 30 secondes.


Enfin bon... Ah tiens je viens de réaliser un autre truc : je sais pas si vous avez remarqué, mais bizarrement, en France, les trains roulent à gauche. Enfin je suis pas sûr et certain de ce que j'affirme, mais j'ai le sentiment que la plupart du temps, quand ça fait ".....vvvVOUM VOUM VOUM VOUM VOUM!!!!..." parce qu'on croise un TGV, c'est du côté droit. Alors qu'ici, en bon respect de "je roule de l'autre côté parce que je suis une colonie britannique", après avoir attendu 5 bonnes minutes à l'arrêt parce que la plupart des tronçons n'ont qu'une seule voie et que les trains doivent se laisser passer les uns les autres, c'est du côté gauche qu'on entend "....cataclop.... cataclop.... cataclop....". Bref, je m'égare, je m'égare ! Désolé pour mon monologue sur les trains, mais j'en suis déjà à 8 heures de route, quatre sandwichs, deux bouquins (dont "Murder in the Orient Express", pour le fun), et je viens enfin de trouver une prise électrique pour vous écrire ces quelques lignes. Mais j'y pense, ça fait un petit moment que je vous ai pas donné de nouvelles. Vous devez vous demander ce que je fout dans un train que j'ai pas payé en direction de Rokhampton... Si vous le voulez bien, mes amis, remontons quelques années en arrière. Tout a commencé, à Noël mil-neuf-cent-quatre-vingt-dix-sept... Non je déconne, on en étais où ? Ah oui, Darwin !

Chapitre I : "Le Nothern Teritorry en 18 jours"



18 jours ça peut paraître long pour visiter un état, mais on s'est quand même tapé 6000 bornes ! D'ailleurs, si j'avais dû les faire en train ça m'aurait pris (6000 / 1500) x 20 = 80 heures ! Bon j'arrête, pardon. Il faut que j'arrive à oublier que je suis dans ce train. Une fois Isabelle partie de Darwin pour rebosser avec Gotcha, je me mets en quête de collègues pour partir avec moi et partager les frais. Une petite semaine s'écoule, le temps de trouver des gens, de se préparer et enfin de partir. Petite semaine tranquille avec la bande de backpacker de Darwin, pas mal de français, des italiens et argentins un peu fous qui font tout à vélo (au point de faire du vélo même quand il s'agit de bosser, en étant vélo-taxis), un vénézuélien un peu fou (tout court cette fois par contre), des basques (enfin !), du ski-bitumique (vélo + corde + skate), des pythons domestiques (leur maître en question avait deux passions : les serpents et Le Seigneur des Anneaux... en bon geek qui se respecte, il nous a présenté Aragorn le python mâle, le nom de l'elfette blonde, je me souviens plus, pour le python femelle, et Gimly le blue tongue lizard). Je me repose, je guéris (parce que je me suis enrhumé, enfin !), Botanic Garden et ses oiseaux, lézards et tortues, marché de Mindil Beach toujours, petit boulot de "stage tomate" comme dirait l'autre (on s'est tous faits embaucher pour un jour à découper des légumes, et c'est vrai que ça faisait vraiment stage en entreprise ! moi j'étais en stage tomate, mais il y avait aussi stage salade, stage potiron, stage oignon...), concert de reggea, etc.



Puis enfin c'est le départ ! Je quitte Darwin en compagnie de Marie (française) et Michelle (canadienne non-francophone), deux filles qui voyagent ensemble depuis quelques mois. Le van est pas sensé accueillir 3 personnes, mais bon vu que les vitres sont teintées à l'arrière, et vu les économies faites à diviser par trois plutôt que deux, on s'est dit que même si on prenait une amende, ça valait le coup. Bon et en plus on a jamais de problème. Par contre bien sûr, pendant la journée, il y en a un qui doit s'allonger à l'arrière, et c'est pas ce qu'il y a de mieux pour voyager. Mais ensuite, elles passent la nuit dans leur tente, donc chacun a sa place, et puis on ne manque pas de main d'œuvre pour faire la cuisine, la vaisselle, conduire. C'est quand même pratique. Première étape du trip : Kakadu National Park ! Je reviens pas sur la description du parc qu'Isabelle vous a déjà fait à merveille (en fait, vous le dites pas, mais elle a recopié la description de Petit Futé...). Soit dit en passant, tout ce que je vais vous raconter dans ce chapitre, Isabelle l'a déjà fait et vous l'a déjà raconté donc j'irais assez vite. Il y a cependant une différence fondamentale entre le trip d'Isabelle et le mien, c'est la saison. Elle a vu le Nothern Teritorry en pleine saison humide, je l'ai vu en pleine saison sèche. Donc là où les routes étaient inondées pour elle, j'ai pu aller, là où elle crevait de chaud, j'ai crevé de froid, et là où elle se baignait dans de l'eau cristalline, je ne me suis pas baigné dans un tas de poissons morts... euh, j'y reviendrais.



Donc Kakadu National Park, magnifique, on y passe 3 jours, plein de ballades, plein de forêts, plein de rivières, plein de peintures rupestres aborigènes, plein d'animaux dont mon premier (et dernier pour l'instant) crocodile marin. Coucher de soleil magnifique à Ubirr, extrême Nord-Est du parc, ballade diverses et variées, dans des forêts humides, des collines desséchées, au bord de rivières en crues, et de ruisseaux à sec... Bref il y en a pour tous les goûts ! Petit coup de cœur pour le bouquet final quand même : deux bonnes heures aller-retour sur une des pires routes que j'ai jamais prise, mais plus qu'heureux qu'avoir fait le détour. Des chutes d'eau alimentant une piscine naturelle aux reflets vert et jaune (où j'étais le seul à me baigner d'ailleurs, dès que les gens voient écrit "crocodiles inhabits this area, swim at your own risks", ils paniquent, je comprend pas pourquoi), un sentier bien ardu nous amenant au sommet de ces chutes, avec vue imprenable sur le parc national, petites chutes d'eaux et piscines naturelles, petit canyon creusé par les crues... C'était vraiment le paradis là haut et j'ai eu du mal à quitter cet endroit.






Ensuite, un peu plus au Sud, les Edith Falls que j'avais déjà vues avec Isabelle, mais bon, toujours aussi magnifiques, puis les Katherine Gorge, où on s'est fait une petite balladounette de 15 km sous le cagnard. Le sentier sillonne dans le bush aride à la cime des gorges, puis finit par s'enfoncer dans une forêt plus qu'humide, pleine de papillons et petite bébête, pour déboucher sur les gorges à proprement parler. Bon là je me suis pas baigné, c'était vraiment trop crocodileux, mais c'est pas l'envie qui manquait ! Pas mal d'animaux ici aussi, dont les magnifiques flying fox, chauves souris à tête de renard, qui puent un peu et on une sale manie de tomber mortes sur nous, mais sont vraiment trop mignonnes. Enfin à Katherine toujours, on a fini la journée par un SPA naturel : des sources chaude à 30° en plein centre ville, je dis oui !



Le lendemain, 100km plus au Sud, d'autres sources chaudes, mais beaucoup plus impressionnante cette fois ! D'abord, beaucoup moins de monde, puis beaucoup plus chaude (37° toute l'année je crois, ça tombe bien il faisait froid ce matin), eau cristalline, berges magnifiques, et plein de choses à voir sous l'eau : tortues, poissons, varans... On sort les masques / tubas pour l'occasion. 



Puis, le mythique Daily Waters Pub, toujours plus au Sud (bon j'arrête de dire plus au Sud tout le temps, vous avez compris que je vais au Sud). Au milieu de nulle part, ce pub historique c'est spécialisé dans la collection de souvenirs plus ou moins personnels laissés par les voyageurs. Cartes, billets, pièces, tee shearts, soutifs, casquettes, photos, drapeaux... Petite note à ce propos, j'ai trouvé deux drapeaux basques, et aucun français. Bon c'était un peu de la triche, il y avait un drapeau du BO, et un drapeau de l'AB, mais bon quand même... 




Un peu plus loin, Nawcastle Waters, qui est pour le coup une ville abandonnée. Ca fout un peu le cafard mais c'est rigolo d'entrer dans des maisons comme ça et d'essayer de les imaginer pleine de vie. Petit mémo : si vous êtes à court de décor pour un clip de black métal, l'église abandonnée conviendrait à merveille. 



Après avoir passé la ville de Tennant Creek, un petit détour s'impose pour aller voir les Devils Marbles (les "billes du Diable"). On a un peu raté nos calculs pour y être au coucher de soleil, mais c'était magnifique quand même ! C'est fou ce que la nature peut nous pondre parfois...



Très rapide détour par le "Centre Australien des OVNIS", rien que ça. En fait c'est juste un roadhouse tenu par des gens un peu fêlés.





On passe en coup de vent à Alice Springs, la capitale du Red Center, parce qu'il faut qu'on se dépêche de rouler les quelques 450km qui nous séparent encore du caillou magique qu'est Uluru avant le coucher du soleil. Uluru, pour ceux qui ne le savent pas encore, c'est un des emblèmes de l'Australie. Un énorme caillou rouge d'un tenant, au puto centro de l'Australie, qui semble vibrer sous les changements de teintes du coucher de soleil. Bien sûr, c'est l'un des lieux aborigènes les plus sacrés, et donc il faut le respecter un minimum. Ne pas grimper dessus, encore moins l'escalader, ne pas en extirper un morceau souvenir, et en théorie, ne même pas prendre de photos. Bon j'ai eu un peu de mal à respecter le dernier point, mais avec une petite pointe au cœur tout de même à chaque fois que je déclenchais l'obturateur. Après le coucher de soleil, on s'est trouvé un petit coin pour passer la nuit. Depuis quelques jours maintenant, on peut dire qu'on est vraiment dans le désert. D'ailleurs, nuits après nuits, le froid se fait sentir de plus en plus. Je commence à empiler un à un les sacs de couchages de secours. Mais là, ces nuits passés aux environs d'Uluru, il fait un froid glacial. On s'allume un feu dès qu'on peut : au dîner, au ptit dèj... C'est vraiment de la survie. 



Le lendemain, journée de marche à pied. Premièrement, le tour in-té-gral d'Uluru à pied (non mais oh, faut pas déconner non plus !). Ca fait quand même une douzaine de kilomètres ce bazar. C'est légèrement monotone, mais très intéressant. Puis direction les Kata Tjuta, à 40km d'ici, plus connus sous le nom des Monts Olgas. Quelques sushis faits maison pour reprendre des forces, et on attaque les 7km de la "Vallées des Vents". Cette balade est juste sublime ! Elle se fraie un passage entre les immenses et mystérieux dômes rouges, offrant des points de vue vraiment impressionnants. Je m'achève avec la dernière petite ballade de 2km, les deux autres n'en peuvent plus. Pas très intéressante, c'était plus pour me dire que j'avais tout marché, tout vu dans le parc national (et peut-être aussi pour me donner une bonne raison de m'être fait délesté de 25 dollars de frais d'entrée du parc... alors là, pour le coup, je me demande vraiment à qui revient cet argent : aux agents d'entretien qui passent l'aspirateur sur Uluru de temps en temps? ou bien aux rangers qui soignent et nourrissent les mouches ? ah non, je sais ! il sert à payer les gens à l'entrée qui demandent de payer ! bien sûr c'est évident, que je suis bête). On regarde notre dernier coucher de soleil, sur Kata Tjuta cette fois, en on va se faire un bon feu. 




Puis, sur le chemin du retour vers Alice Springs, petit crochet (petit... 600km aller-retour... j'ai vraiment perdu la notion des distances) pour aller voir les Kings Canyon. C'est une chouette balade, au sommet du canyon. Ca donne un peu le vertige par moments. On rentre enfin à Alice Springs, et on s'autorise une nuit dans un camping. Ca fait un bon moment qu'on s'est pas pris une douche chaude ! Le soir, on va boire un coup au bar le plus connu de Alice : le Bojangles. C'est vraiment un saloon de cow boys du désert. Des colts, des bottes, des chapeaux, des serpents-vivants-enroulés-autour-d'un-squelette-humain-à-cheval-sur-une-Harley (veridique), et le distributeur de cacahouètes légendaire, qui n'est autre que l'armure de Ned Kelly, le Robin des Bois australien au masque de soudeur et au plastron de fonte (les barmans remplissent l'armure par les fentes pour les yeux, et les clients se servent dans le trou de... vidange dirons nous, d'où la phrase du style : "servez-vous des noisettes de Ned Kelly !"). Dernier petit détail : le sel et le poivre sont deux grosses bouteilles (anciennement de bière), de 2 ou 3 litres chacune. Ah, un autre petit détail marrant, il y a quelques caméras dans le pub qui son diffusées en direct sur Internet. Si un soir vous avez du mal à vous endormir, vous pouvez toujours regarder les vieux "aussies" prendre leur café ou les employées de mines bourrés se mettre sur la gueule.




Depuis Alice Springs, petite excursion dans les MacDonnell Ranges National Park. C'est une grande chaîne de montagne qui s'étend d'Est en Ouest de part et d'autre d'Alice Springs. La partie Ouest étant la plus accessible, on va y passer quelques jours. Le meilleur moyen de découvrir ces montagnes est de suivre la grande marche de 150 km qui commence à Alice Springs même, mais on peut aussi faire ça en voiture et marcher les quelques petits tronçons les plus intéressants. En général, c'est des petits canyons, gaps ou waterholes. Je reconnais les endroits qu'Isabelle m'a montrés en photo, et les trous d'eau où elle s'ést baignée. Mais en cette saison, l'eau refroidit très rapidement, ce qui a pour effet de stresser les poissons, qui développent alors une maladie dans leurs branchies, et meurent d'asphyxie. Tous. Donc ça pue le poisson mort et il est dangereux de se baigner. De toute façon, il fait trop froid !



On quitte enfin Alice Springs et son désert. Bon, le seul problème c'est qu'on s'est arrêtés à tous les points d'intérêt à l'aller, donc le retour s'annonce assez monotone. On roule beaucoup, deux ou trois jours sans s'arrêter. On roule plein Nord, jusqu'à Three Ways (la ville carrefour Darwin - Adelaïde - Brisbane), puis plein Est, jusqu'à enfin franchir la frontière du Queensland.




Chapitre II : "Gotcha, round two"

Mount Isa. Isabelle, qui avait bossé une semaine ici, m'avait bien décrit cette ville minière sans intérêt. J'y trouve quand même un intérêt purement technique : j'ai enfin du réseau téléphone, pour la première fois depuis quelques jours. Il faut dire qu'avec les routes qu'on s'est tapées, le réseau téléphone était le dernier de nos soucis ! Vous le savez, en Australie, tous les étés c'est la saison humide. Et donc, tous les étés les routes sont inondées (Isa en a d'ailleurs fait les frais il y a quelques mois). Mais du coup, tous les étés, les routes sont dégommées et il faut les réparer à l'automne. D'années en années, les australiens ont commencé à en avoir marre de reconstruire toutes les routes tous les ans, et il se focalisent principalement sur les plus grands axes. Les autres routes sont réparées plus épisodiquement, et parfois partiellement. C'est comme ça qu'on peut se retrouver sur une route à une seule voie avec des road train qui arrivent en face à 110 km/h ! Et pas seulement sur quelques mètres, mais sur quelques centaines de kilomètres ! Légèrement flippant. 



Bref ! En tout cas, ça vibre et ça fait bip bip dans ma poche, je reçois tranquillement les quelques textos et messages vocaux des derniers jours. Dans un des message, Isabelle me dit : "rappelle-moi au plus vite, Gotcha veut te refaire passer un essai !". Elle était censée bosser quelques semaines à peine, le temps que je la rejoigne à Cairns, mais maintenant qu'elle est sur le point de démissionner, ils ne veulent pas perdre l'une de leurs meilleurs employés, et sont prêts à me refaire passer un essai pour qu'on bosse ensemble quelques semaines de plus. Sounds good to me, je suis prêt à ravaler ma fierté d'anti-commercial pour avoir un métier bien payé et logé pour quelques semaines avec ma copine ! Je paye ma douche à tout le monde dans un caravan park, ça se fête ce genre de nouvelles ! Et puis aussi, cet essai aura lieu le jour même dans cette ville même, donc la douche est plus que d'actualité. Ainsi que le rasage, le coiffeur et l'achat de nouvelles fringues qui suivent. 


Je me rends au centre commercial où le rendez-vous a été fixé, remonté à bloc. L'essai est orchestré par Callum et Mel, un couple de managers. Isabelle a bossé avec eux une semaine, et m'a dit qu'ils étaient très professionnels, voire tatillons. J'essaye de les brosser dans le sens du poil, j'arrive à l'avance, je me rends utile, je les aide à installer le studio, je dis "oui oui bien sûr c'est évident" quand Callum me dit "je te préviens, tu seras pas engagé parce que ta copine bosse pour nous, il fout que tu fasses tes preuves par toi même". Puis l'essai à proprement parler commence. Je sais exactement ce que j'ai à faire, je l'ai déjà fait à Adelaïde au début du trip, et Isabelle m'a bien re-briefé par téléphone. Mais rien n'y fait. Ce boulot n'est vraiment, vraiment, vraiment pas fait pour moi. Je n'y arrive pas, je ne suis pas à l'aise et les clients le sentent de suite. Je n'ai pas envie de rentrer dans la compétition avec les autres employés. Je jette l'éponge au bout 5 heures d'essai. 


Je me sens vraiment coupable. Isabelle avait réussi à me décrocher ce "trial" et j'ai tout foutu en l'air. J'ai laissé passer l'opportunité de bosser ensemble. Je vais arriver à Cairns tout seul, sans fric, sans boulot. Bon. Ressaisis-toi Oihan, tu trouveras autre chose ! Je reprends la route avec Marie et Michelle, il nous reste encore près de 1000 km jusqu'à Cairns. A l'approche de la côte Est, le paysage change très rapidement. C'est surprenant ! Tout devient très vert, très humide. On découvre les première chutes d'eau et forêts tropicales du Queensland, et ça s'annonce somptueux. On finit par arriver à Cairns, et je laisse les filles dans un backpack. On s'échange les photos, je prends une rapide douche dans leur salle de bain, et on se dit adieu.




Chapitre III : "Mes deux premières semaines de voyage TOUT SEUL"



Je me suis déjà retrouvé tout seul, dans le Riverland pendant deux mois et demi quand je travaillais, puis une semaine à Darwin quand je cherchais des compagnons de route, mais ça a toujours été dans des situations très sédentaires, et j'étais pas vraiment tout seul. Dans les deux cas, j'avais une bonne bande de potes autour de moi. Isabelle, trop gentille pour dire non à ses patrons, a accepté de bosser deux semaines de plus avec Gotcha avant de me rejoindre. Il va falloir que je me trouve une occupation pendant deux semaines. Première idée : me faire du fric.


Mon compte en banque frise le zéro, il est vraiment temps de bosser un petit peu. Mais trouver un boulot pour juste deux semaines, ça implique forcément de chercher du côté du fruitpicking. Et puis de toute façon je me sens incapable de rester à Cairns. Ca a beau être une petite ville, c'est déjà trop grand pour moi. Je me suis trop habitué à vivre en rase campagne, et je me sens déjà mal au bout d'un jour passé dans cette ville bien trop touristique à mon goût. C'est rempli de backpackers qui se baladent en maillot de bain une bière à la main, ça me donne vite envie de vomir. Du coup, cap sur l'intérieur. Cairns est connue pour être le "point de rencontre entre la forêt et l'océan". La forêt en question, c'est les "Wet Tropics", une forêt tropicale classée patrimoine mondial tant elle est riche. Et cette forêt se niche à quelques 700 mètres d'altitude, sur les plateaux volcaniques des "Tablelands". 


Près de 100 virages en épingle plus tard, me voilà donc dans les Tablelands, en quête d'un fruit mûr prêt à être cueilli. Sur la route, il y a quand même quelques trucs à voir, et je me permets de faire des petits détours par les quelques chutes d'eau et parc nationaux des Wet Tropics. Et là, l'émotion l'emporte. C'est finalement la première fois que je voyage vraiment seul, même si c'est un très court voyage, et je me sens submergé par tant d'immensité et de beauté que je ne peux partager. Je gare le Magic Bus au pied des Emerald Creek Falls, dans le parking vide. Le commence à emprunter le sentier désert, me perd, et me retrouve au milieu des chutes d'eaux. C'est pas vraiment des chutes d'eau en fait, c'est une immense coulée de lave vieille de quelques milliers d'années, sur / dans laquelle court / glisse / rebondit l'eau de pluie qui nourrit Emerald Creek en contrebas. C'est absolument magnifique. Je continue à monter le long de cette coulée de lave solide, de plus en plus à pic. Je finis par tomber nez à nez avec les chutes en question, dont je décide d'escalader la paroi. J'arrive au sommet, au pied d'autres petites chutes d'eau secondaires et piscines naturelles, et je me retourne. J'ai tous les Wet Tropics sous mes yeux. De la forêt tropicale à perte de vue, un léger brouillard flottant à la cime des arbres centenaires, et à l'horizon, l'océan. Je reste là, sans un bruit, époustouflé par le coucher de soleil.


La recherche de boulot n'est pas vraiment fructueuse (sans mauvais jeu mot), il n'y a rien à ramasser en ce moment. Mais je suis vraiment fasciné pas ces Tablelands. Il y a ici tous les aspects d'un paysage tropical, forêts, chutes d'eaux, oiseaux et fleurs exotiques, mais vu qu'on est à 700 mètres d'altitude, la chaleur n'est pas étouffante comme sur la côte. Tout ce que j'aime, quoi ! Je me laisse aller à vivre de plus en plus naturellement, je me lave dans les ruisseaux, je cuis mon propre pain au feu de bois, je marche beaucoup. Ca fait du bien. Mais je peux pas faire ça pendant deux semaines, il faudra bien que je finisse par acheter à manger ! 


Vient donc la deuxième idée : faire du WWOOF. J'appelle quelques hôtes des alentours, m'excusant d'appeler comme ça au dernier moment, et une dame accepte de me prendre, une certaine Claudine. Elle habite à peine à quelques kilomètres du lac où j'ai élu domicile depuis hier. Je me rends là bas pour mon premier jour de WWOOF. Claudine est en fait belge, mais est d'accord pour qu'on parle en Anglais. Elle a dans les 70 ans, vit de quelques vaches qu'elle élève et vend, et a un rêve : replanter la forêt autour du petit ruisseau qui court au bas de sa propriété, forêt qui a été détruite il y a quelques dizaines d'années pour "faire de la place", et voir cette forêt en pleine forme avant la fin de sa vie. Donc tous les matins, on descend en quad jusqu'au ruisseau, et on essaye d'aider les pousses d'arbres qui on été plantées à la dernière saison des pluies, et qui sont très vite envahies par les mauvaises herbes. C'est un boulot assez dur et assez chiant, mais les motivations sont nobles, et le cœur y est. On se fait une pause clope à mi-matinée et on regarde les oiseaux, on parle de la vie, on parle des arbres. L'après-midi, je la laisse un peu tranquille, elle est quand même assez solitaire, et je vais aller visiter les environs. Et il y a de quoi : des lacs dans des cratères de volcans infestés de tortues, des figuiers géants, des spots d'observation des platypus (ornithorynque). Et puis, puisque c'est comme ça que ça marche le WWOOF, elle me fait à manger et elle m'offre un lit. Et elle cuisine vraiment super bien ! Elle a tenu un resto à Cairns pendant quelques années. Bref c'est vraiment chouette, je prends quelques vacances.

Le platypus (j'imagine que c'est l'équivalent de l'ornithorinque) :
animal très très timide (c'est la première fois que j'ai pu en voir un)


Epilogue : "Gotcha, round three"

Ici aussi, très peu de réseau téléphone. J'ai trouvé un endroit, sur la rambarde du balcon, où je pose le téléphone le soir pour recevoir les messages de la journée. Un soir, Isabelle encore : "rappelle-moi au plus vite, les patrons m'ont appelée, t'es embauché ! et il faut que tu viennes au plus vite pour qu'on te forme à être photographe". Pour une nouvelle, c'est une nouvelle...

Tout est réglé comme du papier à musique. Gotcha me fournit un parking privé où garer The Magic Bus pour quelques semaines, Gotcha me paye le voyage de Cairns à Biloela (petite ville perdue dans le Sud du Queensland), un train de Cairns à Rokhampton, et un bus de Rokhampton à Biloela, Gotcha me paye un apart une fois arrivé sur place, et Gotcha me paye pour bosser. Seul petit hic, vu que la décision est prise à la dernière minute, il est trop tard pour booker un avion. Ils m'ont donc trouvé un train.